Le Junkers Ju-52/3m joua un rôle capital dans l'ensemble des opérations menées par la Wehrmacht, que ce fût à l'époque des conquêtes ou à celles des retraites.
Malgré son aspect suranné, avec son train d'atterrissage
fixe, ses lignes pour le moins anguleuses et ses revêtements extérieurs en tôle ondulée,
il pouvait emporter 21 passagers dans sa cabine.
Une de ses missions était le parachutage de troupes. Il fût une proie facile pour les chasseurs alliés. Le trimoteur de transport Junkers Ju-52, plus précisément le Ju-52/3m, demeure encore aujourd'hui, près d'un
demi-siècle après sa naissance, un des rares avions à avoir pleinement mérité sa réputation
d'exceptionnelle robustesse, il en volait encore, sous les cocardes helvétiques notamment, en 1978, et la dernière unité opérationnelle de Ju-52 fut dissoute en Espagne à l'été de
1976, alors que le premier vol du Ju-52 remonte à avril 1931.
Le train
d'atterrissage de type tricycle arrière, fixe, simple et robuste avec ses roues de grand diamètre, a permis au Ju-52 d'opérer à partir des terrains les plus invraisemblables. Du poste de pilotage, spacieux et bien aménagé, la visibilité vers l'avant était médiocre au sol, à cause
du moteur central (et parfois en vol, si ledit moteur "crachait" un peu d'huile). Avec près de 17 m de longueur, la cabine offrait un volume utile appréciable, pour 18 parachutistes équipés ou 12 blessés sur civière, ou 2 tonnes de fret par exemple. L'équipement de bord comprenait déjà des appareils modernes pour les années 30 comme un stabilisateur de cap et un radiocompas.
En dépit de son allure pacifique et quelque peu démodée, "Tante Julie" ou "Anna de Fer" comme la surnommaient affectueusement ses équipages, a été pendant plusieurs décennies une machine de guerre au rôle essentiel. Sa première carrière fut essentiellement civile, aux couleurs de la Deutsche Lufthansa, et de compagnies aériennes finlandaises, norvégiennes, suédoises, brésiliennes et sud-africaines. Mais dès 1934, Hitler ayant jeté le masque, l'avion fut transformé en bombardier dans un premier temps
(en attendant les He-111 et les Do-17) et en avion de transport tactique. Le trimoteur fit ses débuts en opérations dans le ciel d'Espagne, en faisant notamment franchir le détroit de Gibraltar à quelques 10000 combattants de l'armée d'Afrique du général Franco. Presque sans transition, ce furent ensuite les campagnes de Pologne, dans un rôle de simple soutien logistique, puis du Danemark et de Norvège, où il fut largement utilisé en missions tactiques. Sur le seul théâtre scandinave, 600 Ju-52 accomplirent plus de 3000 missions en quelques jours pour mettre à pied
d'œuvre 30000 combattants, 2000 tonnes de fret et un million de litres de carburant
(au prix de lourdes pertes il est vrai : 150 avions). L'opération à peine achevée, ce
furent les campagnes des Pays-Bas, de Belgique et de France, avec notamment la capture du fort d'Eben Emael par des planeurs remorqués par des Ju-52, et le ravitaillement par air des Panzers
Divisions aventurées bien loin de leurs soutiens. Rappelons aussi le blocus de l'isthme de Corinthe, en Grèce, par des troupes aéroportées par Ju-52 et, naturellement, les efforts héroïques déployés par l'aviation de transport allemande pour ravitailler Stalingrad encerclée et tenter de porter secours aux survivants de l'Afrika Korps en Tunisie. L'opération la plus célèbre dans laquelle les
Ju-52 ont joué le premier rôle demeure le débarquement aéroporté en Crète le 20 mai 1941, la fameuse opération "Merkur" dans laquelle la Luftwaffe engagea 500 Ju-52 et environ 80 planeurs DFS 230 pour transporter 15 000 hommes. Principalement utilisé comme avion de transport, après des débuts comme bombardier, le Ju-52 servit aussi comme avion-école, avion-ambulance, et comme destructeur de mines magnétiques par l'effet d'un champ magnétique intense irradié par un anneau de 15 m de diamètre.
Mais pour le vaillant trimoteur, la capitulation allemande n'allait pas signifier la démobilisation. Sous les cocardes françaises, le
"Toucan" allait pendant plus de 10 ans participer aux opérations d'Indochine et
au début de la guerre d'Algérie.
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